La justice européenne a tranché : finalement, un steak peut être végétal
Le 11/10/2024Depuis 2020, les substituts aux produits carnés, qu'ils soient d'origine végétale ou complètement artificiels, se sont non seulement durablement installés dans les grandes enseignes de fast-food, mais aussi dans nos supermarchés. Désormais, tout le monde peut facilement acheter et cuire son escalope de tofu, ses saucisses à la farine de pois chiche et tout autre ersatz de viande à base de protéines végétales. Pourtant, peut-on vraiment parler de "saucisse" s'il n'y a absolument aucune trace de viande dans le produit ? Ou encore de "steak" si le morceau n'a été prélevé sur aucun animal, mais composé en laboratoire ? Pour la justice européenne, c'est oui !
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu sa décision le 4 octobre 2024, autorisant l'utilisation de termes traditionnellement associés à la viande, tels que "jambon" ou encore "filet", pour désigner des produits ne contenant pourtant que des éléments végétaux. Cette décision intervient après des années de débat en France, qui avait tenté à plusieurs reprises d'interdire l'utilisation de ces appellations pour désigner des alternatives végétales carnées.
Tout récemment, en février 2024, le gouvernement français avait adopté un décret interdisant aux fabricants de substituts de viande de nommer leurs produits "steak", "saucisse" et "bacon" entre autres, ou même "côte de bœuf". Cette mesure a été justifiée par le risque de confusion chez les consommateurs, un argument évidemment largement soutenu par les représentants de l'industrie de la viande, mais que la CJUE a réfuté le 4 octobre. Elle estime en effet que tant que les produits sont clairement étiquetés avec leurs compositions bien précisées, un État membre ne peut leur imposer une interdiction généralisée de l'utilisation de termes comme "steak" ou "burger", et à plus forte raison si le produit concerné ne possède pas encore de dénomination légale spécifique.
Il s'agit d'un soulagement pour des professionnels comme Beyond Meat ou encore Protéines France qui misent tout leur marketing sur le fait que leurs substituts végétaux sont comparables à de la viande. Sur le même registre, en 2020, c'était tout bonnement les burgers végétariens qui avaient failli disparaître pour les mêmes raisons en Europe, sous l'initiative d'un député européen.